Sous ton voile d'ignominie,
Sous ta couronne de douleur,
N'attends pas que je te renie,
Chef auguste de mon Sauveur!
Mon oeil, sous le sanglant nuage
Qui me dérobe ta beauté,
A retrouvé de ton visage
L'ineffaçable majesté.
2
Jamais dans la sainte lumière,
Jamais dans le repos du ciel,
D'un plus céleste caractère
Ne brilla ton front immortel;
Au séjour de la beauté même,
Jamais ta beauté ne jeta
Tant de rayons qu'au jour suprême
Où tu gravis le Golgotha.
3
Vous qui d'extase et de prière
Remplissez vos jours infinis,
Adorant le Fils dans le Père,
Aimant le Père dans le Fils,
Anges! au palais de la gloire,
Vous semblait-il plus radieux
Que sur ce bois expiatoire
Et sous la colère des cieux?
4
Son supplice aujourd'hui consomme
Cette granderu née au saint lieu,
Et l'opprobre du Fils de l'homme
Est la gloire du Fils de Dieu.
« Je suis amour », a dit le Père,
Et, quittant le divin séjour,
Jésus-Christ vient dire à la terre :
« Je suis son Fils, je suis amour. »
5
Que sur tes yeux, ô divin Frère!
Mes yeux attachés nuit et jour
Y boivent la douce lumière,
La douce flamme de l'amour.
Mêle ta vie avec ma vie,
Verse tout ton coeur dans mon coeur;
Détruis dans mon âme ravie
Tout désir d'un autre bonheur!